vendredi 29 juin 2007

Classe exceptionnelle

Dans le corps où je me trouve en ce moment, au ministère de la Culture, je suis un agent hybride de documentaliste et d’archiviste qui, selon les termes de la loi, participe aux missions de traitement des archives, d'inventaire, de recensement, aux fins de protection, de conservation et de mise en valeur des collections ainsi que du patrimoine monumental et archéologique, je participe également à la recherche, à l'élaboration, au classement, à la gestion, à l'exploitation et à la diffusion de tous supports d'information relatifs aux biens et activités culturelles…tout ça est dans le décret….

Le corps où je me trouve comprend 3 classes : la classe normale (treize échelons), la classe supérieure (huit échelons) et la classe exceptionnelle (sept échelons). Les modalités pour passer de la normale à la classe supérieure ainsi qu'au grade de classe exceptionnelle sont fixées par l'article 11 du décret du 18 novembre 1994 (comme quoi c’est du sérieux !).

Pour cela on a organisé un examen professionnel lui aussi fixé par arrêté du 15 septembre 1997 (encore un arrêté!) qui comporte les épreuves suivantes :
  1. une épreuve écrite : rédaction d’un petit instrument de recherche ou d'un rapport à l'aide des éléments d'un dossier de documentation ou d'archives (durée: trois heures) ;
  2. une épreuve orale : conversation avec le jury portant sur les fonctions exercées par le candidat et sur les problèmes de techniques de documentation ou d'archivage (préparation: trente minutes ; interrogation: trente minutes).
Les épreuves ont commencé le 5 juin et les oraux dès le lendemain et jusqu'au 28 juin (il y avait environ une cinquantaine de candidats). L'épreuve écrite consistait à rédiger une introduction et à élaborer un instrument de recherche analytique d'un dossier relatif à une exposition à l'Orangerie en 1934 sur le "nouveau réalisme" (c'est là qu'un certain Georges de La Tour a été redécouvert par le public). Pour l'oral j'ai tiré au sort un sujet sur "la numérisation aux Archives".
Voilà.

Ensuite le jury (qui est désigné par un arrêté ministériel !), présidé par un directeur de l'administration générale ou son représentant et comprenant en outre cinq membres choisis parmi les fonctionnaires du ministère chargé de la culture et devant être des spécialistes de la documentation ou du traitement des archives) établit par ordre de mérite la liste des candidats déclarés aptes…ouf ! on y arrive.

Donc voilà, depuis aujourd’hui 29 juin 2007, j’ai été déclaré apte ! 18 à l’écrit et 18 à l’oral…et je suis très content, je vais toucher quelques euros de plus et la vie continue.

samedi 16 juin 2007

Aix-en-Provence, montagne

Rêve. Le rêve chuchote au cœur. L'air ambiant est tiède. On se demande, à le sentir, s'il ne s'est pas échappé d'un autre monde. Soudain, un chemin surgit, on gravit alors les cailloux et la Sainte-Victoire se livre, se donne.
Ici l'herbe frôle le soulier. Des genêts écorchent malicieusement le bras dénudé. Parfois quelques touffes de lavande nous interpellent. Pourtant, une certitude, ici, les couleurs sont de sortie. À nouveau. Libres. Ensuite le temps s'étire. Du sommet, une palette s'offre à la paupière médusée. Colza, coquelicots, cyprès, graminées de toutes sortes. Je ne rêve pas. Nous sommes en juin. Sur la Sainte-Victoire.
Nonchalance. Débordement de joie.
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que j'aime ce pays d'aix !
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mercredi 13 juin 2007

Aix-en-Provence, silence

Silence. On entend la brise au loin. Au petit jour le bruit se précise. Un instant, une respiration. Est-ce le craquement du bois brûlé. La musique redevient minérale puis animale. Un passereau prend son envol.
Le bruit de l’eau s’infiltre par des interstices invisibles. Longtemps persiste une mélodie. Un enfant à l’évidence, mais rien de compréhensible, rien de précis. Les aigus se dissolvent, s’attardent lourdement. J’écoute, je m’étire. Le jour s’emplit d’étoiles attardées. Une cigale me réveille enfin. Et soudain tout se tait. Silence.
Je traverse le temps. Impassible.
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un lever de jour ordinaire
à aix-en-provence
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Aix-en-Provence, images

Fontaine d'argent, place des Trois Ormeaux, place des Prêcheurs, place des Quatre Dauphins, boulevard des Poilus, place des Cardeurs, rue d'Arpille, rue de l'Aumone-Vieille, rue Cabassol, rue Courteissade, rue Boulegonrue, rue Finsonius, rue Lisse-des-Cordeliers, rue Papassaudi, traverse du Bras d'or, rue Mistral, avenue Paul Cézanne
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pas de doute
je suis encore
à aix-en-provence
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Voici quelques images d’Aix-en-Provence…j’espère que je n’aurais pas de problème pour "le droit à l’image". Si quelqu’un reconnaît ici ses images et qu’il ne souhaite pas que je les publie sur mon site, alors je les enlève vite fait bien fait. Mais comme elles sont belles ces images, et même dérobées de leur contexte elles respirent la sincérité, la douceur de vivre. Merci.




mardi 12 juin 2007

Aix-en-Provence, couleur

Couleur. La poussière est douce et jaune. Le moment est solennel. La lumière se dissout, s’irise. La paupière s’affole. Devant elle, des champs de coquelicots, de lavandins, de vignes, d’oliviers, de lupins, de sainfoins, de citrons, des rangs d’instruments ébréchés, esseulés, pioches, pelles, faux, serpes.
Par endroits, le spectre explose, s’expose. Splendeur des rayons. Le paysage transpire, repu de mauve, de soufre, de fuschia, de grenat. On reconnaît ici la menthe. Tout tremble. Tout claque. Et soudain, à l’horizon, l’orange et le violet se querellent. Le soir tombe.
Le monde respire. Indolent.
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aux alentours
d’aix-en-provence
en juin
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Aix-en-Provence, chaleur

Chaleur. La première sensation est la chaleur. Les platanes éclaboussent la grand'place de leur reflet. On a beau faire, les couleurs s'installent. La lumière d'abord serrée, se zèbre de plusieurs tons. Puis s'émiette, puis s'éparpille, puis s'insinue jusqu'au fond des poches. Je frissonne.
Des grains se soleil s'amoncellent sur les branches, sur les feuilles nues. Les images se colorent, les parfums craquent : fuschia, arum, anthémis, belladone, violette, parisette. Et puis, sur le bord d'une table, ce verre d'eau. Très frais. L'heure s'arrête.
Le temps s'étire. Insouciant.
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pas de doute,
je suis bien à aix-en-provence
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jeudi 7 juin 2007

Les obligations du juge de paix


La sous-série BB/8/1391 à 2858 et 2888/2 à 2999 des Archives nationales se compose d’une succession régulière et homogène de dossiers de juges de paix, de leurs suppléants et de leurs greffiers.

Dans le billet précédent, nous avons vu les compétences en matière gracieuse et conciliatrice du juge de paix ainsi que celle en matière contentieuse (du XIXe siècle jusqu’en 1958).
Mais il a aussi d’autres obligations...
Avant d’entrer en fonctions, le juge et ses suppléants prêtent serment à l’une des audiences du tribunal de première instance de leur arrondissement, à peine d’une amende de 16 fr. à 150 fr. (Code pénal, art. 196) et de la nullité de leurs actes et jugements. Leur costume est le même que celui des juges des tribunaux de première instance…
…bien que ce rituel ne soit toujours pas au goût de tous les magistrats nommés :

  • Dupuis, remplacé par Le Gouis (Jean-Abraham) le 16/2/1895, refuse catégoriquement le costume. Le rapport du procureur général en donne un compte-rendu: «(…) convoqué (…) à effet de prêter serment, M. Dupuis s’est présenté devant le tribunal en habit civil. Sur l’observation de président qu’il avait à revêtir une robe, M. Dupuis s’est retiré, déclarant qu’il refusait de revêtir une robe, que tout au plus il consentirait à ceindre une ceinture. Ni les observations du président, ni celles de mon substitut ne purent surmonter l’horreur qu’avait ce magistrat de la robe, et le 3 novembre suivant, il adressa sa démission (…)» BB/8/1407, Seine-Inférieure, dossier LE GOUIS (Jean-Abraham).

La même mésaventure arriva à un suppléant.

  • Nommé le 11/1/1896 en remplacement de Pierart, démissionnaire, et invité à prêter serment à l’audience du 22/1/1896, Herbo (François), tanneur de profession, s’est présenté en habit civil. Voici en quels termes le procureur général rend compte de cet «incident» au garde des Sceaux le 20/2/1896: «(…) M. Herbo répondit que tout cela l’ennuyait beaucoup et (…) qu’il ne prêterait pas serment (…), je m’empresserais de vous en aviser en vous demandant de le considérer comme non acceptant» - BB/8/1428, Nord, dossier HERBO (François).

Enfin, le juge de paix est tenu de résider dans l’une des communes du canton sous peine de d’être remplacé comme démissionnaire (loi du 28 floréal an X).

  • Sibert(Georges) nommé au Havre le 9/11/1897 était censé résider dans l’une des dix communes de canton. Mais il demeure à Rouen. Dans un rapport du 29/1/1899 adressé au garde des Sceaux, le procureur général rappelle que «le rôle du juge de paix n’est rempli que s’il donne son temps à ses fonctions ; comment pourrait-il, en descendant du train pour l’audience, s’initier aux habitudes, au caractère, à la moralité des justiciables ? Comment, pressé qu’il est de reprendre le chemin de Rouen, pourrait-il concilier les parties (…)». Sibert avance que «le climat du Havre ne saurait convenir à [son] fils dont la santé est plutôt délicate». Il sollicite un sursis. Dans un rapport en date du 14/2/1899, le procureur fulmine : «un sursis jusqu’au mois d’août ne serait qu’un moyen d’éluder l’injonction qui lui a été faite. Au mois d’août, la situation sera la même qu’aujourd’hui (…)». Excédé, le juge de paix donnera sa démission quelques jours plus tard - BB/8/1502, Seine-Inférieure, dossier SIBERT (Georges).
La réforme judiciaire de 1958 supprime la justice de paix (remplacé par des tribunaux d’instance). En décembre 1958, il existait 2902 justices de paix ; en 1959 il n’existe plus que 455 tribunaux d’instance.

Dans un prochain billet, nous verrons le contenu d'un dossier du juge de paix.
Voir l’inventaire complet


samedi 2 juin 2007

Un récolement


On m’a demandé ce qu’était une " jolie récoleuse " (voir Sur son alisier).

Jolie, je ne vous fais pas un dessin, il faut l’avoir vu pour le comprendre, mais pour " récoleuse " une petite explication s’impose : en langage archivistique un récolement est une opération consistant à dresser la liste topographique des articles conservés dans un service d'archives ou un fonds ou à vérifier l'intégralité des fonds et collections d'un service d'archives lors du changement de responsable d'un service d'archives ou lors d’un déménagement comme c’est le cas en ce moment pour les Archives nationales qui partiront pour Pierrefitte-sur-Seine d’ici 2 à 3 ans (voir le projet sur ce site).

Un récolement est très amusant : en duo, l’un mesure les tablettes et l’autre saisit les informations sur un ordinateur portable. De plus, l’équipe chargée du récolement est très sympathique, elle édite tous les mois une feuille de choux très amusante intitulée Les Échos du récolement dont vous trouverez les livraisons de novembre 2006 à mai 2007 en vous rendant sur ce site (il est vraiment dommage que les numéros précédents n’y figurent plus).

Vous y lirez que le langage archivistique est très poétique, on trouve dans nos magasins, des épis, des massifs, des casiers ou encore des tablettes. Ainsi on dira "Épi 4, travée 68, tablette 2". Du XIXe siècle à nos jours, ce vocabulaire des gens d'archives a évolué et il est parfois difficile de savoir si l'on assiste à une partie de pêche aux homards entre des casiers, à une promenade au milieu des champs d'épis, à un cours de jardinage autour de massifs ou encore à une pérégrination à travers les archives…

Dans le numéro de décembre 2006, je vous conseille une recette originale pour un réveillon ou une soirée, celle de la fameuse "sauce Soubise". C’est Charles de Rohan (1715-1787), prince de Soubise, un de nos prédécesseurs en ces murs de l’hôtel de Soubise (voir notre billet sur l'hôtel de Soubise) qui avait élaboré cette recette de sauce qui prit, comme le veut l’usage, son nom, la fameuse "sauce Soubise", bien connue des fins gourmets pour accompagner canetons et chapons (seulement pour les non-végétariens).


Bon appétit donc.