vendredi 28 décembre 2007

L'hôtel de Rohan


J'avais commencé l'année par la description de l'hôtel d'Assy (voir ce billet), je l'achève aujourd'hui par celle de l'hôtel de Rohan situé dans le même quadrilatère du Marais, une aire de près d'un hectare qui abrite encore, pour un temps, les Archives nationales avant qu'elles ne prennent le train pour la banlieue nord de Paris (voir notre locomotive nommée Pierrefitte).

C'est le premier cardinal de Rohan qui attacha le nom de sa famille à cet hôtel construit par Pierre-Alexis Delamair sur les terrains acquis en 1705 au niveau de la rue Vieille-du-Temple.

(Hôtel de Rohan en 2 sur l'image de cette maquette,
en 1 la cour de l'hôtel de Soubise, rue des Francs-Bourgeois).

Pour donner au nouvel hôtel une entrée digne de lui, Delamair changea l’orientation du bâtiment en plaquant une nouvelle façade. C’est à Germain Boffrand que fut confiée la décoration intérieure, véritable chef d’œuvre de l’art rocaille, imitée dans toute l’Europe et admirablement conservée de nos jours.

L'hôtel est donc resté tel que le premier cardinal le fit construire. Sur les jardins, une grande façade monumentale avec un premier étage très élevé et un étage d'attique où se voyaient autrefois les armes du propriétaire. Sur la rue s'ouvre une cour arrondie dont le passage à gauche menait à la cour des écuries (aujourd'hui l'atelier de menuiserie) et celle de droite sur deux abreuvoirs surmontés du fameux bas-relief des Chevaux du Soleil (dont un moulage est conservé à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Chaillot). Ce bas-relief, postérieur aux premiers travaux de l'hôtel, est l'œuvre de Robert le Lorrain.

(les Chevaux du Soleil)

Quatre autres maisons furent acquises à cet emplacement par le cardinal entre 1714 et 1731, il y fit bâtir des communs et des boutiques (aujourd'hui ce sont les bureaux d'une partie des Missions).

Les grands appartements du premier étage de l'hôtel de Rohan comprennent d'abord une grande antichambre de cinq fenêtres ornée autrefois de onze portraits (aujourd'hui on y tient de temps à autre des colloques ou des journées d'études). La salle de compagnie qui suit a conservé quelques boiseries sculptées blanc et or et quatre médaillons représentant La Guerre, Les Travaux des champs, La Vendange et La Musique; les dessus de portes sont inspirés de l'Enéide (La Colère de Neptune, Vénus recevant Vulcain, etc.). Enfin l'enfilade se termine par le fameux Cabinet des Singes dont la décoration, œuvre de Christophe Huet, était du "goût chinois", un goût exquis qui vaut vraiment le détour…mais hélas, l'accès de ce Cabinet est interdit aux visiteurs sauf pendant les Journées du patrimoine où en visitant les expositions temporaires qui y sont installées ou encore sous la conduite des guides conférenciers (ouvert uniquement le dimanche après-midi, réservation obligatoire).

Bon, je ne vais tout de même pas vous faire tout le tour du propriétaire sauf pour vous indiquer que dans la chambre à coucher du cardinal, au dessus des portes, se trouvaient deux toiles de Boucher, Le Moulin à eau et La Mare (datées vraisemblablement de 1751) et aujourd'hui conservées au Louvre.

Sous la Révolution, l'hôtel de Rohan subit le même sort que son voisin l'hôtel de Soubise. L'ensemble du domaine des Rohan-Soubise fut placé sous séquestre lors de l'émigration des héritiers et servit à de multiples usages, puis fut acquis par l’État par le décret impérial du 6 mars 1808 (on fêtera donc en 2008 son bicentenaire, mais ceci est une autre histoire…).

Napoléon Ier affectera l’hôtel de Soubise aux Archives impériales et l’hôtel de Rohan à l’Imprimerie nationale qui y demeura jusqu’en 1927. Le musée de l’histoire de France fut installé dans l’hôtel de Soubise par Napoléon III en 1867.

Quant à l'hôtel de Rohan, désormais propriété des Archives nationales, il accueillera de grandes expositions historiques, des expositions temporaires, des conférences, des concerts (concert des Jeunes talents par exemple), des visites guidées, etc. Aujourd'hui il abrite une partie du personnel de la section du XIXe siècle (au rez-de-chaussée) et de l'ensemble de la section du XXe siècle (aux étages).

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