mardi 4 décembre 2007

Une enfance malgache


Ceux qui ont passé leur enfance à Mada’ ou, dans une moindre mesure à la Réunion comme moi, trouveront dans ce récit une véritable madeleine de Proust.

J’ai retrouvé toutes les odeurs de mon enfance, ces quartiers de Tana’, ces bruits de friture, ces mets évoqués par l’auteur : le romazava, le henaritra, le ravototo, les fragrances des frangipaniers, des poivriers, ces goûts des fruits tropicaux : les délicieux jujubes, les litchis dont on faisait des toupies avec les noyaux (coupés en deux puis piqués d’une tige d’allumette), les avocats, les mangues juteuses, c’est aussi la vue des paysages magnifiques de la campagne malgache et ses rizières verts à perte de vue ou le silence des Hauts-Plateaux à peine effleuré par le bruit du vent chaud.

J’ai également retrouvé les sonorités de cette langue à travers les multiples jurons dont les malgaches ont le secret. Je n’y suis pas retourné depuis maintenant 30 ans mais j’ai tout retrouvé dans ce livre exaltant de Christian Dumoux, né à Madagascar au milieu du siècle dernier que j’ai rencontré par hasard à la «Fête du Livre» en octobre dernier aux Archives nationales. Nous nous sommes aperçu que nous avions passé, à quelques différences près (Christian Dumoux est d’environ une dizaine d’années mon aîné), la même enfance dans un pays magnifique de couleurs, d’odeurs, de vies.

Une enfance malgache de Christian Dumoux, c’est tout d’abord l’histoire d’une famille à Madagascar qui commence en 1927 avec le départ de oncle (le père du narrateur) depuis Montceau-les-Mines jusqu’aux années 1960 où l’auteur rentre en France pour ses études. C’est surtout le témoignage vécu d'un enfant puis d'un adolescent qui va découvrir la vie et l'Histoire de son « pays » (Madagascar) à travers mille pérégrinations et de nombreux déménagements de sa famille dirigée par un père horloger (un «petit blanc») venu pour «faire fortune» mais qui en fin de compte vit à la limite de la misère à cause d’une mauvaise gestion de son commerce (le père « confondant bénéfices et chiffres d’affaires »), des recettes perdues dans des jeux d’argent (dès, bellotte, PMU), mais aussi de l’alcool.

L’enfant découvre successivement Tananarive, Majunga, Diégo-Suarez (que je n'ai pas connu), jusqu'à l'indépendance puis son départ définitif de ce beau pays dont il aura toujours la nostalgie....

La fin du livre donne quelques rappels historiques de cette colonisation ratée de Mada’. A tous ceux qui ont passé leur enfance à Madagascar, ne ratez pas ce magnifique livre, il fait environ 150 pages et est édité par L'Harmattan (2005) dans la collection «graveurs de mémoire». Pensez aussi à l’offrir à tous les «zanatany» (enfant de la terre ou plus précisément enfant du pays).


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