vendredi 14 mars 2008

Le mystère de Pégomas

Au début du XXe siècle, en 1906, la région cannoise est troublée par les méfaits de bandits qui sèment la terreur aux environs de Pégomas, non loin des bords de la Siagne, non loin du parfum des menthes et des jasmins de Grasse. Ce qui a inspiré Hubert d'Hérouville à écrire "Les bandits fantômes de Pégomas, 1906-1912" aux Annales de la Société scientifique et littéraire de Cannes en 1977-1978 (pages 125-135). Ce lieu commun a également trouvé un écho lors du fameux carnaval de Nice (ici une photographie de Cauvin montrant une scène du carnaval où s'exhibent les bandits déguisés).

Au delà de cette imagerie populaire bon enfant, les faits sont nettement plus graves. Aux Archives nationales, le dossier de cette affaire porte le numéro 1648 A 06 (en BB/18, division criminelle), mais toutes les pièces relatives à l'instruction ou au procès sont conservées aux Archives départementales.

Le dossier en BB/18 contient une centaine de pièces sur des rapports, sur la correspondance entre les autorités constituées, des lettres anonymes, des coupures de presse, etc. Dans l'une d'elle, Hules Bertagna journaliste au "Le Journal", n'hésite pas à titrer le 12 octobre 1906, "Un village terrorisé, le mystère de Pégomas".

Il poursuit "Il y a plus d'un mois, vers onze heures du soir, le village est réveillé en sursaut par le tocsin : c'est la maison Morand au quartier de Saint-Pierre qui brûle. Malgré tous les secours, le feu anéantit l'immeuble. Dix jours après, à la même heure, nouvelle alarme, à l'Ouest cette fois, au quartier du Château. La maison de M. Mul est bientôt détruite par les flammes. Le lendemain, toujours vers onze heures, un immense grenier à foin appartenant au nommé Michel Armanet est la proie du fléau (...) et voilà que deux ou trois jours plus tard, la bastide de M. Joseph Raybaud prend feu à son tour et flambe entièrement (…) puis c'est chez M. Merle. Décidément c'en est trop, etc. (…) le préfet a trouvé aussi que cela avait assez duré et il a dépêché sur les lieux un commissaire spécial adjoint de Nice, M. Cotoni, pour faire une sérieuse enquête et essayer de mettre la main sur ces sinistres gredins."

Entre temps, des coups de feu avaient aussi été tirés sur des habitations…bref c'est la panique et plusieurs agents de police et autres officiers sont dépêchés dans la région. Le rapport de la direction générale des services de recherches judiciaires du 12 janvier 1913 donne la répartition de "ces forces" (3 commissaires de police, 8 inspecteurs, 1 officier de gendarmerie et pas moins d'une cinquantaine de sous-officiers et gendarmes ! ils se relayent toutes les nuits à des postes mixtes).

Plusieurs suspects sont arrêtés, Joseph Goletto, les nommés Maestrelli, Chiapale et les autres, ils sont envoyés devant les tribunaux pour y répondre de 25 crimes d'assassinats, tentatives d'assassinats, incendies volontaires et vols qualifiés mais encore aujourd'hui la vérité reste difficile à prouver puisque toutes les informations ont été clôturées de non-lieu rendues le 30 juin 1914.

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