vendredi 28 mars 2008

Quand Beretta est morte


Voilà ça commence comme ça :

« Quand Beretta est morte, ce que j'ai le plus regretté, c'est de ne l'avoir pas tuée moi-même. Je l'ai rencontrée au lycée. On s'est retrouvées à la rentrée dans la même classe de seconde et j'ai vu arriver cette grande nana, avec ses seins en obus, ses grandes jambes et ses cheveux marron qui lui faisaient un casque brillant.

En vrai, elle s'appelait Berthe. Ses petits camarades l'appelaient Berthe aux grands pieds depuis son premier jour d'école et plus les années passaient, plus les classes se succédaient, plus les élèves continuaient de l'appeler Berthe aux grands pieds.

Je n'étais pas différente des autres. J'ai immédiatement aligné aux grands pieds dans ma tête quand j'ai entendu Berthe, et ce n'est que plusieurs semaines après la rentrée que je lui ai enfin trouvé son nom, pendant le cours de maths. J'étais assise à côté d'elle. La prof décortiquait une équation au tableau, le corrigé des devoirs catastrophiques qu'elle venait de nous rendre. A part Alex Reichenbacher qui avait eu vingt, tout le monde était logé à la même enseigne. Beretta dessinait des formes alambiquées sur sa copie, tout autour de sa note, peut-être dans l'idée de la faire disparaître. Elle écrivait avec une encre turquoise à laquelle je n'ai jamais pu me faire. Pour moi, ce genre de couleur, c'était bon pour les filles qui mettent des ronds sur les i. Les arabesques envahissaient le haut de la copie, au point de recouvrir le nom, Berthe Achard, et elle était en train de remplir de petites hachures le ventre d'un serpentin qui passait sur son prénom.

(…)

C'est comme ça qu'on été collées, pour l'exemple, le mercredi suivant. Jusque-là, je n'avais jamais eu aucune heure de colle. (…) Et Beretta qui, pour certaines choses, était d'une ignorance crasse, avait gagné un surnom qu'elle ne comprenait même pas.
Le jour où elle a appris qu'elle portait le nom d'un flingue, elle a failli exploser. »

(…) ».

Ce sont là deux chapitres gracieusement offerts par Grasset (Copyright © Éditions Grasset & Fasquelle) sur le site suivant.

Quand Beretta est morte raconte un moment de la vie d’une adolescente. Isabelle, la narratrice et de Beretta, belle dans son jean blanc, méprisante et désespérée. Isabelle, la narratrice, tombe amoureuse de Beretta. Ces deux lycéennes auxquelles personne ne faisait attention vont commettre des actes sordides par dégoût du confort, de la bêtise, de la médiocrité et de la banalité de la vie ordinaire. La passion amoureuse née entre elles reste inédite. Il y a dans ce roman le souffle frais de l’été indien, il y a des personnages attachants, il y a des mots tout aussi pénétrants (Nadia Bouzid avait été professeur de philosophie) que remplis de poésie. Son style est direct, le suspense est garanti.
A lire !

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